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jeudi 31 mai 2012

Take Shelter

Take Shelter a réussi le pari de jouer la sobriété et la subtilité tout en abordant de plein front le sujet en vogue de la fin du monde. Mais c'est à se demander si Jeff Nichols ne nous parle pas plutôt ici de la fin d'un monde ; celui de son personnage Curtis (sublimement interprété par Michael Shannon) dont les tourments, qu'ils soient légitimes ou paranoïaques, vont mener à un changement inévitable, ou encore la fin d'un système, dont le protagoniste se prend les failles et les contraintes en pleine gueule. Un beau film, fin, dont les scènes s'enchaînent comme une lettre à la poste et réclament pourtant revisionnage, pour cette beauté qui émerge de la simplicité mais non de la facilité ; beauté des plans, beauté des acteurs, des émotions.
Le récit se construit lentement mais ne perd pas en intérêt, malgré une certaine impression de linéarité qui vient probablement du rythme assez pesant de la narration, rythme qui lui confère tout de même une atmosphère impressionnante, de la scène d'ouverture jusqu'à la dernière que l'on peut trouver à son aise allégorique ou littérale. Car contrairement à Von Trier qui en faisait un peu des tonnes par moment, Nichols ne filme pas le désespoir hystérique et n'a pas besoin d'un truc aussi gros et visible qu'une planète pour harceler le spectateur; l'expectative anxieuse d'une tornade dont on ne sait comme Curtis si on doit y croire ou non avant la réponse finale, suffit.
Une petite bourrasque de fraîcheur.

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